Publié le 07 nov 2025
Temps de lecture : 4 min
Tendances
Publié le 07 nov 2025
Temps de lecture : 4 min
Depuis le mois d’avril, « Nos villes à 50°C » imagine des solutions pour adapter le patrimoine immobilier au réchauffement climatique. Ce collectif rassemble déjà 25 acteurs, comme des aménageurs, des collectivités, des bailleurs sociaux, des architectes, des chercheurs ou encore des promoteurs immobiliers, comme VINCI Immobilier. Retour sur les enjeux de cette initiative.
Les informations clés
L’adaptation au changement climatique, une nouvelle priorité ? Depuis une dizaine d’années, des projets sont menés autour de la décarbonation, avec en ligne de mire l’objectif de la neutralité carbone (2050 pour la France). Malgré ces efforts, la trajectoire fixée dans les Accords de Paris – +1,5°C à l’échelle globale d’ici 2050 – est en voie d’être dépassée.
« Les derniers modèles montrent que ce seuil pourrait être atteint dès 2030, précise Christophe Rodriguez, directeur général adjoint d’A4MT, société de conseil qui anime des programmes d’engagement pour favoriser le changement et la transformation. Et à l’heure actuelle, 80 % de l’énergie consommée sur la planète reste d’origine fossile, malgré une part croissante de renouvelable. C’est pourquoi, sans abandonner la décarbonation des activités, de nombreux acteurs plaident pour élaborer des schémas d’adaptation à une hausse importante des températures.
Autrement dit, comment vivre dans des territoires soumis à de fortes chaleurs et à des vagues répétées de canicule ? Deux bailleurs sociaux – CDC Habitat et Seqens – se sont particulièrement penchés sur ce sujet, avec en toile de fond la question du « confort d’été ». C’est le point de départ du collectif « Nos villes à 50°C ».
La réflexion menée par les membres porte sur de multiples sujets. « Il y a d’abord un enjeu sanitaire, pour protéger de la chaleur les personnes les plus vulnérables, détaille Christophe Rodriguez. Ensuite, l’enjeu social consiste à donner à tous les moyens d’accéder au confort. L’enjeu technique vise à s’assurer que les solutions déployées sont bien adaptées à la situation. Enfin, nous ne négligeons pas l’enjeu culturel et sociétal : comment penser la ville pour donner envie d’aller à l’extérieur et ne pas rester enfermé chez soi avec la climatisation. »
Plus de 25 acteurs ont déjà rejoint la démarche : des aménageurs, des collectivités, des bailleurs sociaux, des promoteurs, des architectes et des chercheurs. Objectifs ? D’abord définir ce qu’est l’excellence en matière de confort d’été, puis parvenir à un consensus autour de méthodes à appliquer systématiquement, à tous les projets.
L’approche repose aussi sur l’expérimentation. Actuellement, une trentaine de projets « pilote » sont menés partout en France pour tester des méthodes et définir les meilleures pratiques. « Ces projets bénéficient de l’expertise de l’ensemble du collectif, qui se réunit une fois par mois pour partager des expériences, échanger autour d’innovations et identifier ce qui pourrait être généralisé, souligne Christophe Rodriguez. Nous avons aussi lancé des appels à innovation. Par exemple, des solutions hybrides qui mélangent production solaire et végétalisation, des techniques de rafraîchissement de bâtiment à partir d’eau, des méthodes d’isolation qui laissent sortir la chaleur la nuit ou encore des outils digitaux pour mieux modéliser et sensibiliser. Nous dressons ainsi une cartographie des innovations afin de sélectionner les plus pertinentes. »
Un sujet fait d’ores et déjà consensus : celui de l’importance d’une parfaite isolation. Mais cela pose aussi le problème de la ventilation du logement ! En France, le volet roulant s’est largement répandu. Mais une fois fermé, il ne laisse plus passer l’air. « Et l’ouvrir la nuit pour aérer peut par exemple provoquer des nuisances sonores ou lumineuses. Ou faire rentrer des moustiques, appelés à être de plus en plus nombreux avec la hausse des températures et la multiplication des points d’eau pour rafraîchir les villes. »
D’où la question de la généralisation des moustiquaires, dans le neuf comme en rénovation. Globalement, l’occultation fait partie des principaux travaux du collectif, avec plus de 30 solutions actuellement passées au crible. D’autres sujets sont sur la table, comme les brasseurs d’air (ventilateurs de plafond), installés de façon systématique dans de nombreux pays mais encore objets de multiples débats en France.
Autre conviction des membres : miser sur la systématisation. Le problème du réchauffement et des vagues de chaleur concerne l’ensemble du territoire. « Tous les modèles de prédiction montrent toute la France sera concernée à plus ou moins long terme. Des villes comme Strasbourg et Lille sont déjà confrontées régulièrement à d’importantes canicules qui rendent urgentes les réponses à apporter. En systématisant des solutions à l’échelle de tout le pays, nous faciliterons le déploiement de solutions efficaces qui ont fait leur preuve. »
Reste un défi pour les promoteurs : trouver un délicat équilibre entre d’un côté, un objectif bas carbone et, de l’autre, une ambition de confort d’été. Or, les solutions bas carbone passent parfois par des architectures très compactes, incompatibles avec le confort d’été. « Il faut donc trouver l’optimum entre ces deux injonctions parfois contradictoires. Mais aussi contribuer à définir quelle expérience nous offrons aux citoyens : rester enfermé au frais ou favoriser le tissu social avec une ville adaptée. C’est une question de doctrine climatique à définir ! »