Comment le recyclage urbain entretient l’attractivité d’Angers

Recyclage Urbain Attractivité Angers

(©Istock)

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Régulièrement classée parmi les championnes de l’attractivité en France, la ville d’Angers actionne plusieurs leviers pour maintenir sa position. Dont le recyclage urbain. Roch Brancour, adjoint à l’urbanisme, à l’aménagement du territoire et au logement, détaille la stratégie de l’Athènes de l’Ouest.

Quels sont les secrets de l’attractivité d’Angers ? 

Roch Brancour : C’est d’abord Angers elle-même. La ville était déjà l’Athènes de l’Ouest au XIXe siècle mais ses qualités ont longtemps été méconnues car il y avait une réticence à les faire connaître. Depuis près de dix ans, la stratégie de l’équipe municipale menée par Christophe Béchu (devenu ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires en 2022) a été d’améliorer le rayonnement d’Angers et de travailler l’accueil des investisseurs, des entreprises… Pour impulser cette nouvelle dynamique, nous nous sommes appuyés sur le marketing territorial et la mobilisation de l’ensemble des acteurs du territoire angevin.


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L’attractivité d’Angers repose également sur la préférence des Français pour les grandes villes à dimension humaine. Notre ville compte 150 000 habitants, l’agglomération 300 000. Et elle est considérée comme pionnière en matière de végétalisation selon le classement de l’observatoire des villes vertes créé par l’Union Nationale des Entreprises du Paysage. Nous arrivons à concilier dynamisme économique et qualité de vie à la différence des plus grandes métropoles. Cet atout est encore plus prégnant depuis le début de la crise sanitaire et les confinements. 

Dans quelle mesure l’aménagement urbain contribue-t-il à cette attractivité ? 

Roch Brancour : Nous investissons dans la ville intelligente pour optimiser l’efficacité de nos services sur le territoire grâce aux nouvelles technologies, notamment en matière d’éclairage avec le remplacement de 30 000 candélabres pour diminuer de plus de 60 % la puissance installée. Par ailleurs, nous menons une politique d’urbanisme adaptée aux caractéristiques et à l’identité de notre territoire. Nous développons ainsi des projets immobiliers innovants qui alimentent l’offre de logements et de bureaux. Nous investissons également dans la modernisation et la restauration des espaces publics à travers les deux nouvelles lignes de tramway qui seront mises en 2023, au niveau des entrées de ville, et qui accentueront la place de la nature en ville avec la plantation de plus de 100 000 arbres d’ici 2026… Ces différents leviers vont permettre de maintenir l’attractivité d’Angers tout en préservant sa qualité de vie et sa taille humaine.

« La reconquête des friches à Angers va se poursuivre »

Comment comptez-vous concilier attractivité et zéro artificialisation nette à Angers ?

Roch Brancour : Nous adhérons au principe consistant à freiner progressivement l’étalement urbain car il est cohérent avec notre modèle de développement. Nous allons poursuivre le renouvellement urbain, à l’image des opérations ANRU engagées dans les quartiers de Belle-Beille à l’ouest d’Angers et de Monplaisir à l’est. Dans la même logique, nous allons moderniser la zone d’activités de Saint-Serge, à proximité de Monplaisir. Pour y parvenir, nous avons déplafonné le PLU permettant ainsi la densification dans ce secteur.

A proximité, nous avons également entamé depuis plusieurs années la reconversion de la friche Geodis-SNCF avec la nouvelle patinoire et un programme lauréat de l’appel à projets urbains innovants « Imagine Angers », Métamorphose. Cette reconquête des anciens fonciers industriels va se poursuivre dans les années à venir. La collectivité est en discussion pour racheter le foncier de la friche Thomson de 13 hectares boulevard Gaston-Birgé à l’est de la ville. Nous aurons également à traiter la friche d’une dizaine d’hectares dans le secteur Fours-à-Chaux, non loin de la patinoire.

Comment la mobilité s’articule avec votre stratégie de recyclage urbain ?

Roch Brancour : Nous cherchons à offrir un mix de solutions pour diminuer l’impact carbone des déplacements tout en permettant aux habitants de l’agglomération de se rendre facilement dans l’hypercentre de la ville. La mise en service en 2023 des lignes de tramway B (qui traversera la ville d’est en ouest entre Belle-Beille et Monplaisir) et C (qui reliera le sud de la ville à l’ouest en passant par le centre-ville, entre Belle-Beille et Roseraie) s’inscrit dans cette politique et contribue à la requalification des quartiers Belle-Beille et Monplaisir. En parallèle, nous réaménageons des espaces comme les places Académie et Kennedy qui seront piétonnisées à côté du Château d’Angers dans le centre-ville pour valoriser notre patrimoine.

©Ville d’Angers

Dans quelle mesure « Imagine Angers » a préfiguré votre approche en matière de recyclage urbain ? 

Roch Brancour : Cet appel à projets urbains a permis des innovations dans la collaboration entre la collectivité et les promoteurs, l’intensité des usages, la végétalisation… Le projet Arborescence porté par VINCI Immobilier, lauréat sur le site en friche Gambetta au bord de la Maine, rassemble ces différentes dimensions. Forts de cette expérience, nous avons initié un nouvel appel à projets sur le secteur des Bretonnières, au nord de la ville, où nous allons expérimenter de nouvelles méthodes d’aménagement, de construction, d’économie circulaire… Les lauréats ont été dévoilés en début d’année et nous allons ainsi pouvoir concrétiser les ambitions des Assises de la transition écologique d’Angers de 2020.

Plus de 100 000 arbres devraient être plantés d’ici 2026 selon la stratégie de l’équipe municipale. Comment les opérations immobilières en cours et à venir contribueront à l’atteinte de cet objectif ?   

Roch Brancour : Nous avons signé en mars dernier la « charte pour un développement immobilier équilibré » avec l’ensemble des promoteurs qui interviennent à Angers. Ce document prévoit notamment une meilleure prise en compte de la végétation existante et la préservation de 20 à 30 % de pleine terre dans les opérations immobilières à venir.