Marjorie Bertschy : « L’EPA Nice Écovallée applique les principes du ZAN depuis 2008 »

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L’opération d’intérêt national Nice Écovallée (©B6 Drone)

Temps de lecture : 4 min

Créé en 2008, l’établissement public d’aménagement Nice Écovallée intervient au sein d’un territoire de 10 000 hectares et s’inscrit comme précurseur du ZAN (zéro artificialisation nette) depuis son origine. Marjorie Bertschy, directrice du développement, nous explique pourquoi et comment cette approche se matérialise sur le terrain.

Dans quelle mesure le ZAN impacte l’approche de l’EPA Nice Écovallée ?

Marjorie Bertschy : Le zéro artificialisation nette a été introduit en 2018 par le Plan Biodiversité, puis en 2020 par la Convention citoyenne sur le climat. Il consiste à « réduire au maximum l’extension des villes en limitant les constructions sur des espaces naturels ou agricoles et en compensant l’urbanisation par une plus grande place accordée à la nature dans la ville », comme l’indique l’Office français de la biodiversité. Concrètement, il implique une diminution par deux du rythme d’artificialisation en France d’ici 2030 (par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020). Puis il devra être atteint en 2050.

Le ZAN va donc impliquer une nouvelle façon d’imaginer l’urbanisme. Mais l’établissement public d’aménagement Nice Écovallée a intégré les principes du zéro artificialisation nette dès sa création en 2008. Une des trois orientations de notre projet de territoire est « restaurer, préserver et valoriser un territoire contraint et altéré », à savoir les 10 000 hectares de l’opération d’intérêt national Nice Écovallée.


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Comment l’EPA s’inscrit concrètement dans la trajectoire du ZAN ?

Marjorie Bertschy, directrice du développement de l’EPA Nice Écovallée (©D.R.)

Marjorie Bertschy : Premièrement, nous aménageons uniquement 210 hectares, dont 181 déjà artificialisés, sur les 10 000 de l’OIN. Et nous rendrons, après finalisation des opérations d’aménagement, 5 hectares à la nature en désimperméabilisant.

De plus, quand nous artificialisons, c’est à l’échelle de quartiers. Nous densifions le tissu urbain existant afin de préserver des zones naturelles et agricoles, et limitons l’étalement urbain et donc la consommation foncière de terrains perméables tout en accueillant à terme plus de 12 000 logements et une capacité d’environ 30 000 emplois. Cette approche sobre a un lien direct avec le plan local d’urbanisme métropolitain (PLUm). La Métropole Nice Côte d’Azur a en effet enclenché le mouvement du ZAN et de la sobriété foncière en réduisant les zones urbaines et les droits à bâtir sur le collinaire pour préserver les zones agricoles et naturelles.

En définitive, les opérations d’ensemble de l’EPA et de ses partenaires concourent à la maitrise de l’artificialisation du sol. Ainsi, 1 ha urbanisé permet d’éviter l’aménagement de 19 hectares en maisons individuelles et petits collectifs, tout en offrant des espaces publics favorables à la biodiversité et de qualité pour les usagers.

Quelle est la place des zones agricoles dans le périmètre de l’OIN Écovallée ?

Marjorie Bertschy : Dans l’imaginaire collectif, l’Écovallée est toujours associée à la plaine fertile des années 50. Mais les espaces agricoles ont été grignotés au fil des décennies : ils sont passés d’une emprise de 5 000 hectares au milieu du XXe siècle à 831 hectares en 2006. Aujourd’hui, 826 hectares agricoles sont recensés. C’est la preuve que l’EPA ne bétonne pas de terres fertiles sur ce territoire et que nous sommes d’ores et déjà sur la trajectoire du ZAN.

Outre les zones agricoles, nous travaillons également à la préservation de la biodiversité comme dans le périmètre des Coteaux du Var, à Saint-Jeannet, par exemple. Nous avions accompagné la commune pour créer une zone d’aménagement concertée en 2019 afin de développer des logements mixtes. Mais, après la crise sanitaire, des études complémentaires ont montré que de nouvelles espèces (reptiles, notamment couleuvres et orvets, et insectes) s’étaient installées. Nous avons donc abandonné les projets immobiliers sur la partie Nord du projet des Coteaux du Var et l’avons sanctifiée en zone protégée. En outre, l’EPA a lancé, en partenariat avec la Métropole Nice Côte d’Azur, une démarche inédite en France à cette échelle, de préservation de la biodiversité permettant d’atteindre l’absence de perte nette de biodiversité à horizon 2035.

« Nos quartiers du Grand Arénas et de Nice Méridia matérialisent le concept de ville du quart d’heure » 

Dans quelle mesure le ZAN peut-il permettre de renforcer l’attractivité d’un territoire comme celui de Nice Écovallée ?

Marjorie Bertschy : Nous développons le concept de ville du quart d’heure qui a été théorisé par Carlos Moreno. Nous installons des logements de tous types, des locaux d’activité, des commerces, des services, des équipements culturels et sportifs… pour que les usagers d’un territoire puissent tout trouver à moins de 15 minutes à pied ou en transports doux. Nous évitons ainsi l’étalement urbain tout en créant des lieux de vie où on a envie d’habiter, de sortir, de faire du sport…

Quels sont les exemples qui matérialisent cette approche ?

Marjorie Bertschy : Les quartiers du Grand Arénas et de Nice Méridia sont deux exemples qui vivent déjà et qui sont pensés de manière complémentaire, grâce au travail sur les interfaces avec le tramway notamment. La Métropole Nice Côte d’Azur a veillé à ce que la mise en service des lignes précède les opérations de développement. Des aménagements sont réalisés en parallèle pour faciliter les déplacements à vélo et à pied. Nous planifions également la réalisation d’espaces verts qui ont vocation à profiter à tous grâce à ces liaisons, à l’image du futur grand parc paysager de 20 hectares de Parc Méridia.

En parallèle, nous travaillons sur le développement économique de manière raisonnée et dans un souci de diversification. Au niveau de la technopole Nice Meridia qui se spécialise dans la santé et le développement durable, IBM, Vulog (une start-up dans le secteur de l’auto-partage), Borobo (spécialisée dans les robots de transport autonome tout terrain), Smart Energy (spécialisée dans l’analyse et le conseil en transition écologique) sont d’ores et déjà installées par exemple. Pour les attirer et offrir des perspectives aux étudiants et chercheurs, nous accueillons également l’École 42 qui apprend à coder dans l’informatique, l’Académie du métavers à l’initiative de Meta et Simplon.co, l’institut Méditerranéen du Risque de l’Environnement et du Développement Durable (IMREDD)… Et bien sûr une offre de commerces, notamment des restaurants, et de services, dans le domaine de la santé entre autres, se met en place. Concilier sobriété foncière et qualité de vie, c’est bel et bien possible !

Nice Écovallée, Meridia

Le quartier de Nice Méridia (©Antoine Duhamel Photography)

Le quartier du Grand Arénas (© Antoine Duhamel Photography)

Nice Écovallée, le parc Meridia

La future zone de Parc Méridia (©Antoine Duhamel Photography)