Le projet Oasis Parc de Lyon qui a intégré une démarche d'AMU. ©Guillaume Perret
Publié le 05 sep 2025
Temps de lecture : 5 min
Tendances
Le projet Oasis Parc de Lyon qui a intégré une démarche d'AMU. ©Guillaume Perret
Publié le 05 sep 2025
Temps de lecture : 5 min
Impliquer le futur utilisateur dès les étapes de conception du programme immobilier ? C’est le principe de l’AMU – assistance à maîtrise d’usage – un concept en plein essor pour créer du lien et améliorer la satisfaction des résidents. Une approche testée et approuvée par VINCI Immobilier, qui a développé deux opérations de ce genre à Lyon et Nantes. Découverte.
Les informations clés
Vous connaissiez l’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO), vous allez découvrir l’assistance à maîtrise d’usage (AMU) ! Déployée dans les copropriétés de grande taille, cette approche cherche à créer du lien et encourager le bien-vivre ensemble. Cela passe par des actions très concrètes, prises en charge par le promoteur, comme construire ensemble le règlement de copropriété ou encore anticiper la gestion des futurs espaces communs.
À Lyon, VINCI Immobilier a appliqué ce principe à Oasis Parc, un programme de 700 logements, dont 240 en accession, livré entre 2020 et 2023. L’ensemble se situe dans un vaste parc arboré, autour de la clinique Saint-Vincent-de-Paul réhabilitée pour les besoins du projet. Oasis Parc comprend 1,3 ha d’espaces verts, des terrasses partagées sur les toits de tous les bâtiments, un parc de vélos électriques en location destinés aux résidents, des salles communes ou encore une serre et un jardin partagé.
« Autant d’espaces partagés qui nécessitent des règles, souligne Marjorie Pontet, directrice du programme. C’est pourquoi nous avons lancé une opération d’AMU un an avant la livraison des premiers lots en accession. » Concrètement, tous les futurs copropriétaires ont été conviés à des réunions organisées par VINCI Immobilier, une fois par trimestre. Certaines sont collectives, d’autres destinées à des bâtiments spécifiques. « Nous proposons, lors de ces échanges, des animations pour briser la glace, permettre aux futurs résidents de se connaître et surtout bâtir ensemble les règlements intérieurs des espaces partagés mis a la disposition de tous. Il ne s’agit pas de revoir les contours du projet ou de modifier des aspects programmatiques, mais d’anticiper la prise de possession par les usagers. »
La serre et le jardin partagé par exemple nécessitent certaines connaissances, que les jardiniers doivent transmettre aux futurs propriétaires, avec des conseils et des astuces pour bien les entretenir sur la durée et faire vivre cet espace partagé. « Nous constatons que de nombreuses personnes sont volontaires pour s’investir dans leur environnement. Ces réunions ont permis de définir qui prendrait en charge chaque élément, sans attendre la première assemblée générale. De quoi aussi déminer certaines situations et favoriser le vivre ensemble. »
À Rezé, dans l’agglomération nantaise, l’assistance à maîtrise d’usage est intervenue un peu plus tard dans le projet mais s’inscrit dans une réflexion entamée dès la conception du projet. La parcelle des « Jardins de Charles » accueillait auparavant 5 maisons individuelles avec de nombreux espaces verts. VINCI Immobilier a d’abord chargé des étudiants en licence d’agriculture urbaine de recenser tous les arbres présents et de définir ceux à préserver et ceux à déplacer. Ce travail a servi de base à l’architecte de ce programme de 59 logements, dont 30 en accession, structuré en deux bâtiments perpendiculaires à la rue. Entre ces deux bâtiments, un vaste espace restait à aménager.
« C’est cet espace qui a fait l’objet d’une AMU, raconte Audrey Pallu, directrice de programmes. Dès la phase de commercialisation, nous avons expliqué notre projet aux futurs copropriétaires : les laisser définir eux-mêmes ce qu’ils souhaitent en faire, lors de la 1re assemblée générale de copropriété après livraison, en 2023. » Mais ils ne sont pas laissés seuls dans cette tache : VINCI Immobilier prend en charge une prestation complète d’accompagnement sur deux ans, assurée par la société Cultures d’Entreprise.
« Ma mission ? Être la locomotive de l’initiative, en fournissant idées et matériels aux résidents », résume Yann Lescouarch, fondateur de la structure. À raison d’une à deux fois par mois selon les saisons, il va à la rencontre des habitants pour les conseiller et leur apprendre à gérer cet espace, qui prend la forme d’un potager nourricier et ludique. Jusqu’à 70 espèces différentes sont plantées chaque année, avec l’accent mis sur la variété et la découverte. « Nous plantons des aubergines classiques, mais aussi des zébrées, des blanches, des thaïs… Chaque rencontre crée un moment de convivialité et d’échange, avec des liens qui n’auraient pas existé sans cette initiative. »
Néanmoins, chacun reste libre de participer au non à l’entretien et aux rencontres. Le volontariat fait partie du concept. « Même après la livraison, nous restons aux côtés des habitants mais sans nous immiscer : rien n’est imposé, c’est un service mis à leur disposition, insiste Audrey Pallu. Nous ne faisons pas que vendre des logements : nous créons aussi la ville de demain et il nous semble essentiel de contribuer à la future cohésion. C’est une démarche très appréciée des habitants comme des collectivités. »
Le groupe WhatsApp des apprentis jardiniers de Rezé compte une trentaine de membres, et des volontaires toujours présents pour s’impliquer dans les taches à effectuer. Lors de la prochaine AG, une résolution portera sur la reconduction ou non de l’accompagnement. « Une initiative facilement reproductible à d’autres projets » estime Audrey Pallu.
Pour le promoteur, l’AMU représente un investissement conséquent en temps et en énergie, avec une gestion supplémentaire à effectuer au-delà du périmètre d’intervention classique. « L’AMU ne se prête pas à tous les programmes, conclut Marjorie Pontet. Seuls les plus grands projets, avec des espaces partagés, justifient le recours à cette méthode qui répond néanmoins à un enjeu sociétal croissant autour de la vie en collectivité et des manières de mieux se retrouver. »