Comment le secteur de la promotion immobilière s’empare de l’intelligence artificielle

Vincent Pavanello (©D.R.)

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Le monde des promoteurs n’échappe pas à l’IA. Entre outils généralistes pour améliorer la productivité des équipes et agents personnalisés pour accompagner la conception de projets, l’intelligence artificielle s’invite progressivement à tous les étages… Avec quelles conséquences pour les programmes et les équipes ? Décryptage avec Vincent Pavanello, fondateur de Mister IA, structure spécialisée dans la formation et le conseil aux entreprises de l’immobilier qui souhaitent se transformer avec l’IA.

    Les informations clés

  • L’IA améliore déjà la productivité de la promotion immobilière dans de nombreuses tâches quotidiennes, comme les reportings hebdomadaires sur les promesses de ventes signées.
  • Le développement d’agents IA plus spécifiques va ouvrir la voie à des applications concrètes dans toutes les grandes phases du métier : prospection, conception, construction ou encore commercialisation.
  • Si toutes les entreprises du secteur ont intérêt à se lancer, elles doivent aussi fixer des règles et définir des limites quant à l’usage de l’IA.

Où en est le déploiement de l’intelligence artificielle dans les métiers de la promotion immobilière ?

Vincent Pavanello : Ce secteur suit la moyenne des autres, il n’est ni en avance ni en retard. Comme dans toutes les entreprises où de nombreux collaborateurs sont équipés d’ordinateurs, l’arrivée de l’IA bouleverse cependant davantage les pratiques ! À l’heure actuelle, il faut distinguer 3 typologies d’usages.

D’abord, la bureautique. Pour rédiger un mail, analyser un document ou faire une synthèse, plusieurs modèles ont déjà fait leur preuve. ChatGPT, Claude ou Microsoft Copilot font office d’assistants et génèrent un vrai gain de temps à leurs utilisateurs. Nous estimons le gain de productivité entre 1h et 2h par jour ! Pour l’entreprise, cela suppose de former tous ses collaborateurs à au moins un de ces agents pour ne laisser personne au bord de la route.

Ensuite, des agents IA plus élaborés permettent de réaliser certaines tâches répétitives de façon autonome, par exemple l’envoi à son manager d’un reporting hebdomadaire sur les promesses de ventes signées. Pour cela, il faut développer un mini-robot qui fera à sa place et à sa demande. Quelques promoteurs commencent à expérimenter ces solutions.

Enfin, des technologies beaucoup plus poussées pourraient être capables à l’avenir de formaliser des propositions commerciales, par exemple. Mais la maturité n’est pas encore au rendez-vous, dans l’immobilier comme ailleurs.



Quels sont les cas d’usage envisageables aux différentes phases des projets ?

Vincent Pavanello : En phase de prospection, l’IA pourrait assurer des veilles sur certaines collectivités cibles pour ne manquer aucune opportunité d’acquisition, identifier le potentiel de densification d’une commune donnée, préparer des discours commerciaux pour convaincre un propriétaire de vendre son terrain ou encore élaborer des briefs destinés aux architectes.

Au moment de la conception, les robots IA correctement paramétrés pourraient réaliser des études de marché et établir des grilles de prix. Pour anticiper les coûts, nous pouvons aussi imaginer une IA qui agrège puis synthétise un grand nombre de notes de conjoncture pour tenter de prédire l’évolution du cours des matériaux… et ainsi ajuster son enveloppe ! En termes de programmation, les modèles Excel complexes pourraient être remplacés par des agents IA qui optimisent les m2 en fonction de toutes les contraintes à intégrer.

Lors de la construction, l’IA serait utile pour établir les briefs aux sous-traitants et rédiger les comptes-rendus des visites de chantier.

Enfin, la commercialisation peut aussi s’appuyer sur l’IA pour donner plus de visibilité aux programmes, par exemple en optimisant les sites Internet et le référencement naturel (SEO) pour faire connaître le projet aux investisseurs locaux.

L’IA a-t-elle déjà transformé certaines pratiques ?

Vincent Pavanello : L’IA a déjà amélioré la productivité… et va continuer à le faire ! Dans de nombreux secteurs comme celui de la promotion immobilière, l’arrivée de l’IA représente même un choc de productivité inédit depuis l’apparition de l’informatique. Ces technologies vont accélérer les projets et les simplifier, dans un contexte immobilier particulièrement complexe. Je ne parlerai pas de révolution mais de solutions qui vont largement contribuer à l’indispensable évolution du secteur.

Quel est le potentiel de transformation pour les métiers dans les années à venir ? Et comment l’articuler avec l’indispensable intervention humaine ?

Vincent Pavanello : J’ai la conviction que l’IA ne remplacera aucun travailleur… mais que ceux qui ne l’utilisent pas risquent de se faire remplacer par ceux qui maîtrisent l’IA ! S’emparer de ces nouvelles technologies contribue à son employabilité, dans le monde de l’immobilier comme ailleurs. Les entreprises doivent aussi adopter une approche inclusive, pour embarquer ses collaborateurs dans ce mouvement.

Attention aussi aux gardes fous. Aujourd’hui par exemple, aucune IA n’est parfaitement autonome. Une intervention humaine reste nécessaire pour vérifier chaque tâche. Nous recommandons aussi aux entreprises d’élaborer une charte d’usage de l’IA et de fixer des règles. Par exemple, utiliser des outils payants qui assurent la confidentialité des données traitées !