Logement vert : les aspirations des Français entre rêve et réalité

Perspective Ext 2

Les logements du programme Les 3 Mondes à Amiens visent les certifications environnementales RE2020 et E+C-, et font la part belle aux espaces verts ainsi qu'à la biodiversité (©Vertex)

Temps de lecture : 5 min

Si en 2023, le rêve des Français demeure toujours celui de devenir propriétaire, ils ont également de plus en plus à cœur d’avoir un logement plus respectueux de l’environnement. Mais ils sont bridés par certains freins – notamment l’inflation et le manque d’information.

    Les informations clés

  • 85 % des personnes âgées de 18 à 30 ans accordent de l’importance à l’impact écologique de leur logement.
  • Le logement vert est devenu un critère majeur, mais le prix et la localisation demeurent les critères principaux pour la recherche d’un logement.
  • 47 % des propriétaires ont réalisé des travaux de rénovation énergétique au cours des cinq dernières années.

Toutes les enquêtes d’opinion le confirment : vivre dans un « logement vert » est un critère principal pour les Français. Ainsi, en 2022, dans un sondage réalisé par l’Ifop pour la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), 85 % des 18-30 ans ont répondu qu’ils accordaient de l’importance à l’impact écologique de leur logement. Autre étude réalisée par Ipsos – pour Masteos, spécialisé dans l’investissement locatif clé en main – en 2023, même son de cloche : 57 % des locataires se disent prêts à accepter une hausse de loyer pour vivre dans un logement moins énergivore quand 46 % des propriétaires comptent rénover leur logement au cours des deux prochaines années.

Les Français sont deux fois (60 %) plus nombreux à régler la température de leur pièce principale à moins de 20°C en hiver. © Baromètre Qualitel 2023
Les Français sont deux fois (60 %) plus nombreux à régler la température de leur pièce principale à moins de 20°C en hiver. © Baromètre Qualitel 2023

Avoir un logement vert : un critère indispensable ?

Oui, le logement vert est devenu un critère majeur depuis quelques mois, mais pas le plus important, nuance Antoine Desbarrières, directeur général de l’association Qualitel. Les critères numéro un restent inchangés pour la recherche, à savoir le prix et la localisation.Le baromètre 2022 de l’association, réalisé avec le concours d’Ipsos et pour lequel 3 056 personnes ont été interrogées, avançait déjà ces propos : le critère écologique n’intègre pas le top 10 des critères indispensables des Français pour l’achat d’une maison ou d’un appartement.

Un an plus tard, le même baromètre réalisé par Qualitel – pour lequel 3 414 personnes ont été interrogées – montre que les Français sont plus attentifs à réduire l’impact de leur logement sur l’environnement, notamment au niveau de la consommation d’énergie. Ainsi, par rapport à 2020, les Français sont deux fois (60 %) plus nombreux à régler la température de leur pièce principale à moins de 20°C en hiver. Et quand ils sont absents, 50 % de ceux qui utilisent leur dispositif de programmation règlent la température à 16° C ou moins. “Indéniablement, la sobriété s’installe chez les Français en matière de consommation d’énergie pour se chauffer, observe Antoine Desbarrières. L’inflation a sans nul doute contribué à accélérer la prise de conscience autour des enjeux écologiques.

La moitié des propriétaires (47 %) ont réalisé des travaux de rénovation énergétique dans leur logement au cours de ces cinq dernières années. © Baromètre Qualitel 2023
La moitié des propriétaires (47 %) ont réalisé des travaux de rénovation énergétique dans leur logement au cours de ces cinq dernières années. © Baromètre Qualitel 2023

La transition écologique, un processus au long cours

S’il faut toujours prendre avec des pincettes les résultats des sondages, lesquels reflètent une opinion à un instant T, le baromètre Qualitel-Ipsos 2021 confirmait déjà l’intérêt des Français pour le logement vert : parmi les 4 545 sondés, 75 % d’entre eux ont déclaré avoir à cœur de vivre dans une maison ou un appartement respectueux de l’environnement. “Lorsqu’il leur a été précisé la définition de l’habitat durable, c’est-à-dire ‘‘un lieu respectueux de l’environnement, préservant la qualité de vie et le bien-être de ses occupants, où les coûts de construction et d’usage sont maîtrisés’’, seuls 30 % ont estimé qu’ils vivaient dans un tel logement”, abonde Antoine Desbarrières.

Toutefois, l’édition 2023 du baromètre Qualitel met en lumière que près de la moitié des propriétaires (47 %) ont réalisé des travaux de rénovation énergétique dans leur logement au cours de ces cinq dernières années. Les postes principalement traités : le remplacement d’un système de chauffage (26 %), l’isolation de la toiture/des combles, l’étanchéité de la toiture, la réfection de la couverture (23 %), ou encore le remplacement d’au moins la moitié des fenêtres (17 %). “À la suite de ces travaux, ils constatent une amélioration du confort global (43 %), ainsi qu’une baisse de la facture d’énergie (39 %) et un meilleur confort thermique (38 %)”, indique le directeur général de Qualitel. Ce baromètre 2023 témoigne néanmoins de quelques résistances… Près de 3 propriétaires sur 4 équipés d’une chaudière au fioul n’ont pas l’intention de la remplacer par un autre système de chauffage. “La transition écologique est un processus au long cours, d’autant plus qu’elle est percutée par l’inflation de ces derniers mois, qui rend plus difficile le financement de travaux de rénovation.”


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Antoine Desbarrières, directeur général de l’association Qualitel
Antoine Desbarrières, directeur général de l’association Qualitel (©D.R.)

À quoi ressemblera un logement vert dans cinq à dix ans ? “Dans notre baromètre 2021, 60 % des Français estimaient que leurs lieux de vie seraient construits à partir de matériaux biosourcés, géolocalisés ou issus du réemploi”, répond Antoine Desbarrières. Un engouement collectif qu’il convient donc de traduire individuellement à l’heure de l’urgence climatique… “Si les jeunes générations (moins de 35 ans) sont les plus enclines à la préservation de l’environnement, il faudra laisser du temps au temps pour que les plus de 60 ans évoluent sur ce sujet-là.

Le baromètre Qualitel 2023 soulève d’ailleurs que le manque d’information persiste – limitant les possibles économies d’énergie. 48 % des Français déclarent ne pas connaître ou avoir une vague connaissance seulement de ce qu’est le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE), quand 41 % ne connaissent même pas la classe énergétique de leur logement. En termes de connectivité, les interrogés souhaiteraient disposer d’outils pour suivre l’ensemble des consommations (70 %) ou encore comparer les consommations avant et après travaux de rénovation (61 %). “Pour que les évolutions vertueuses s’installent durablement, il est fondamental de les accompagner activement. Sensibilisation, pédagogie, information de qualité sont donc plus que jamais nécessaires. Les bénéfices possibles, à titre individuel ou collectif, sont nombreux : ne ratons pas cette opportunité inédite d’allier l’économique à l’écologique, le pragmatique à l’éthique”, conclut Antoine Desbarrières.