Le programme Sphère mené par VINCI Immobilier à Tassin-la-Demi-Lune (©Atelier Thierry Roche / ATR)
Publié le 24 juil 2025
Temps de lecture : 4 min
Projets
Le programme Sphère mené par VINCI Immobilier à Tassin-la-Demi-Lune (©Atelier Thierry Roche / ATR)
Publié le 24 juil 2025
Temps de lecture : 4 min
Au sein du programme Sphère mené par VINCI Immobilier à Tassin-la-Demi-Lune (69), l’association Odynéo a fait l’acquisition de 4 logements destinés à des personnes en situation de handicap. Un travail de conception, mené en étroite collaboration avec le promoteur, a permis de livrer des appartements parfaitement adaptés aux besoins spécifiques des futurs résidents. Héliodore Granger, responsable de programmes VINCI Immobilier, et Michaël Jacquier, responsable du patrimoine et de la sécurité d’Odynéo, reviennent sur ce projet.
Les informations clés
Héliodore Granger : Sphère a été imaginé avant le COVID mais la pandémie a retardé sa commercialisation et son lancement. Il s’agit d’un programme de 63 logements, répartis sur 5 bâtiments à Tassin-la-Demi-Lune, près de Lyon. L’association Odynéo nous a contactés avec un besoin très précis : faire l’acquisition de 4 logements dans cet ensemble pour un projet de co-living.
Michaël Jacquier : Odynéo accompagne environ 1 100 personnes en situation de handicap dans les départements du Rhône, de l’Ain et du Jura. Certains d’entre eux vivent dans des appartements que possède l’association. Il s’agit de colocations, qui s’inscrivent dans une démarche d’inclusion. Bien que ces logements s’adressent aux personnes avec une certaine autonomie, ils nécessitent néanmoins de nombreux aménagements, notamment pour les déplacements en fauteuil roulant. La demande pour ce type d’hébergement est croissante. Nous cherchons donc en permanence de nouveaux appartements. La localisation de Sphère et le cadre de vie offert répondaient parfaitement à nos critères.
Michaël Jacquier : Oui, car les normes « PMR » ne sont pas adaptées à tous les types de handicap. La loi prévoit que 20% des logements neufs collectifs soient accessibles aux personnes à mobilité réduite. Bien que cette obligation impose des aménagements spécifiques, ceux-ci restent souvent insuffisants. Par exemple, l’ouverture des portes permet le passage d’un fauteuil roulant classique, mais pas celui d’un fauteuil électrique. Pour cette raison, Odynéo a élaboré son propre cahier des charges, avec des spécifications qui correspondent au public que nous accompagnons. Il s’agit par exemple d’abaisser les plans de travail, d’ajouter des prises électriques au plafond des chambres pour brancher des dispositifs médicaux de levage ou encore de salles de bain et de toilettes qui permettent un transfert depuis son fauteuil.
Héliodore Granger : Odynéo nous a remis ce cahier des charges, qui a été étudié par l’architecte du programme et par les équipes de VINCI Immobilier. Ensemble, nous avons organisé plusieurs réunions pour affiner les plans de chaque appartement. À ce moment-là, le chantier était encore en phase de terrassement : il était alors assez réaliste d’apporter les modifications nécessaires. Par exemple, remplacer les portes-fenêtres coulissantes qui mènent vers les terrasses et les balcons par des fenêtres battantes pour permettre le passage d’un fauteuil. De la même manière, adapter le plan électrique – avec des hauteurs de prises différentes – n’a pas présenté de difficulté. Seule la modification de certaines circulations a été parfois plus complexe, que ce soit au sein des logements ou dans les couloirs des parties communes.
Michaël Jacquier : Il existe un réel besoin d’adaptabilité des appartements. Certaines personnes ne resteront que quelques mois dans le logement, d’autres plusieurs années. De plus, il s’agit de colocation de 3 à 4 personnes. Autrement dit, nous devons penser l’appartement sur le temps long et dans une logique évolutive : il doit pouvoir accueillir un futur résident avec des besoins différents mais aussi accompagner l’évolution de l’état physique des locataires en place. Cela exige une connaissance concrète des problématiques, que notre cahier des charges prend en compte.
Michaël Jacquier : Avec le handicap, la personnalisation s’impose. Il serait contre-productif d’appliquer le même cahier des charges à chaque projet. Et mener les aménagements dans des appartements déjà construits entraîne parfois des difficultés techniques importantes – avec des surcoûts élevés et un gaspillage de ressources en raison des démolitions à réaliser. C’est pourquoi nous cherchons à intervenir le plus en amont possible des programmes, dès les phases de conception, ce qui laisse le temps d’adapter les plans.
Héliodore Granger : Ce travail en étroite relation avec Odynéo nous a aidés à mieux cerner les enjeux propres à ces projets. La réversibilité des logements fait partie des aspects que nous devons encore davantage intégrer. Par exemple favoriser une structure en poteaux poutres plutôt que murs porteurs facilite l’adaptation à des futurs usages. C’est une réflexion à prendre en compte dans les prémices des projets, en imaginant des logements de rez-de-chaussée qui puissent convenir à des personnes en situation de handicap. Cela passe par exemple par des parties communes avec des couloirs qui facilitent l’accès aux appartements.
Michaël Jacquier : Notre rôle est aussi de sensibiliser les promoteurs à la notion de « PMR + » qui consiste à aller un peu au-delà des exigences légales. Il s’agit d’aménagements assez simples s’ils sont intégrés suffisamment en amont, comme supprimer ou limiter à 2 cm la marche de la porte fenêtre qui mène vers le balcon ou la terrasse. Sinon, il est impossible d’y passer en fauteuil ! Ou prévoir un espace de stationnement suffisamment large pour un van de transport. Les associations sont aussi là pour conseiller.
Héliodore Granger : Le maître-mot est donc l’anticipation et la personnalisation pour travailler en bonne intelligence, répondre aux besoins et respecter les contraintes budgétaires.