À Bordeaux : Avant-garde ou la renaissance d’une ancienne maison de négoce de vin en logements

Bフiment EGERIE

Le projet "Avant-Garde" de Bordeaux. Crédit - EGERIE

Temps de lecture : 3 min

Respecter le patrimoine régional tout en l’adaptant aux contraintes contemporaines, intégrer de nouveaux bâtiments au cœur de ce morceau d’histoire… voilà quelques-uns des défis d’Avant-Garde, ambitieux programme de réhabilitation à Bordeaux.

Le projet immobilier Avant-Garde , à Bordeaux, porte bien son nom. Lancé en 2015 par VINCI Immobilier, il anticipe en effet la loi Climat et Résilience de 2021 qui impose « zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols d’ici à 2050. L’objectif du texte est clair : faire cesser progressivement la bétonisation qui dévore chaque année 23.000 hectares de surfaces naturelles, agricoles ou forestières et cause de profonds dommages à la biodiversité. « Bien conscient que le modèle actuel n’est plus soutenable, VINCI Immobilier a décidé de respecter le ZAN dès 2030, avec 20 ans d’avance » déclare Florian Barbe, directeur commercial en région Aquitaine.


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Pour relever le gant et continuer à répondre au besoin croissant en logements tout en respectant cet objectif vertueux, le recyclage urbain d’anciennes friches abandonnées figure au rang des opportunités. C’est le cœur du projet « Avant-Garde » de Bordeaux.

Avant-Garde à Bordeaux, pour respecter le patrimoine

C’est dans le paisible quartier résidentiel de Tivoli, situé dans le périmètre du port de la Lune inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, que se dressent à peu de distance trois vénérables bâtiments construits au tournant des XIXe et XXe siècles. Ces entrepôts ont rempli jadis plusieurs offices : raffinerie sucrière, hangar pour les anciens tramways, puis chais pour les célèbres bouteilles de Pétrus. Le projet Avant-garde à Bordeaux consiste à réhabiliter ces friches et à construire trois bâtiments neufs comprenant 250 logements, dont 85 logements sociaux, un commerce alimentaire de proximité et 510 m² de bureaux. Au total, le programme développe une surface de plancher de près de 20.000 m², dont 42 % en réhabilitation.

L’ambition, insiste Gaétan Guillout, responsable de programmes, est de « ne pas violenter l’intérêt historique des bâtiments ». La méthode douce consiste ainsi à conserver et rénover les façades en pierre des bâtiments anciens, et à garder l’emplacement des ouvertures existantes. Pour garantir la continuité et l’insertion des immeubles neufs au milieu de ces entrepôts historiques, VINCI Immobilier a fait le choix d’un béton reprenant la matérialité et la couleur de la pierre calcaire blonde typique de Bordeaux. Un matériau spécifique qui recevait dès 2018 le prix de l’innovation industrielle aux Pyramides d’Argent.

Le projet Avant-Garde sous le signe de la « couture urbaine »

L’idée n’est pas seulement d’harmoniser les bâtiments entre eux, mais de les intégrer au mieux dans un quartier résidentiel déjà constitué. « Cette ‘couture urbaine’ fait qu’on ne passe pas d’un univers à l’autre, on se greffe aux rues du quartier, tout en apportant une qualité paysagère avec nos façades minérales et un couvert végétal important » résume Sophie Courrian, architecte du projet.

« Il s’agit d’aménager ce quartier nouveau en restituant un fonctionnement urbain inspiré d’une pratique domestique de la ville, complète Gaétan Guillout. Les parcours et les espaces évoluent logiquement depuis une approche publique vers les espaces les plus privés et les plus intimes ». Le projet veille ainsi à s’insérer dans les tracés existants, avec notamment la création de venelles reliées à la rue de Tivoli et à la rue Auguste Poirson. Dédiées à la mobilité douce, elles sont chargées de relier ce nouvel habitat au reste du quartier.

Appliquer des critères de confort contemporain

Pour l’intérieur des bâtiments historiques, il prévaut la même volonté de marier au mieux ancien et nouveau. Le projet Avant-Garde a ainsi prévu la conservation des charpentes en bois ou encore des poteaux en fonte, qui donnent du cachet aux appartements. Mais les défis restent nombreux, comme le résume Sophie Courrian : « il faut créer des conditions d’un habitat confortable selon les critères d’aujourd’hui, dans des espaces chargés d’histoire, qui n’ont pas été conçus comme tels ». Pour ce faire, un effort particulier a été réalisé s’agissant de l’isolation thermique et phonique à l’intérieur des bâtiments. Outre l’agrandissement des ouvertures existantes pour améliorer la luminosité, des niveaux ont été ajoutés à l’intérieur des bâtiments, avec la création de planchers et de mezzanines. Afin de garantir un accès à l’extérieur, des loggias et des jardins ont été aménagés.

Résultat : des logements « haut standing » et une montée en gamme pour tous. « Les logements sociaux ont aussi bénéficié de prestations identiques, avec les mêmes architectes et quasiment les mêmes matériaux » tient à préciser Sophie Courrian. L’ensemble du projet est ainsi certifié NF Habitat, basé sur un certain nombre de critères (isolation, luminosité, qualité et provenance des matériaux, des revêtements, des sols, plomberie, électricité, ventilation…), qui garantit la qualité du bâti. Si les premiers logements ont été livrés, il faudra encore attendre fin 2024 pour que le projet soit totalement achevé.